Carnet de Voyage
Il est 21h30, l'avion de nos familles vient de toucher le tarmac. On attend impatiemment dans le hall de l'aéroport, guettant les arrivées en espérant voir une tête familière... Les minutes passent au ralenti, on trépigne à chaque groupe qui avance. Ça fait un an que nous n'avons pas vu les parents de Vincent, et pour mon père et Anna cela fait un an et demi! Que le temps semble long quand on attend! Enfin on les voit apparaître, quelle émotion de tous les retrouver!
Dès le lendemain nous rejoignons Nusa Lembongan, une petite île à une heure de bateau de la côte. L'escapade est assez "sport" : de la plage nous grimpons (littéralement) dans un "speedboat" (bateau rapide à moteur) en passant à côté des moteurs hors bord, tout en tentant de ne pas se laisser déstabiliser par l'eau et les vagues qui nous arrivent aux cuisses. Nos bagages sont jetés sur une plate-forme sur le toit, et hop c'est parti pour affronter les vagues! C'est assez épique mais en moins d'une heure nous arrivons à destination, sur une plage de sable chaud avec vue sur l'eau turquoise. Un premier cocktail en terrasse: que les vacances commencent!
Nusa Lembongan est une petite île avec de jolies plages (blindés de bateaux), vue sur le volcan de Bali, et un parfait spot de plongée. Pendant que nos familles prennent leurs premiers coups de soleil à la plage, avec Vincent nous partons plonger avec les raies Manta. On les avait vus du dessus à Komodo, et cette fois-ci nous avons la chance de nager avec eux en profondeur et de voir le verso ! Des dizaines de ces géants de 4 à 5 mètres nous virevoltent autour et jouent avec les bulles d'air. Quelle expérience magique! On rentre en fin d’après-midi où on retrouve nos familles dorées/cuits à point pour profiter de l’eau avec eux.
A Bali, le meilleur moyen de transport est le scooter. Les routes sont tellement surchargées de trafic qu'en voiture, on met près d’une heure pour faire 20 km. Le scooter, bien que dangereux, donne un vrai sentiment de liberté et facilite l'accès à des coins plus reculés ! On a vu plus d’un touriste avec des bandages et égratignures. Mais on a de la chance, Vincent est un vrai pilote, il gère à merveille les trous, virages en épingle, voitures et autres scooters doublant de tous les côtés, et évite même gentiment les petites vieilles et les chiens sur notre passage. Et moi à l'arrière, cheveux au vent, je profite deux fois plus des paysages! C'est tellement chouette les rizières en terrasses verdoyantes, les petits villages qui ont presque plus de temples que de maisons, les cérémonies et processions hindoues dans la rue et tout ce décor qui défile!
Nous avons un coup de cœur pour Ubud, le village culturel au centre de l'île. Bien que les rues soient surchargées et bruyantes, nous trouvons un petit havre de paix tout proche du centre. Des petits bungalows confortables disposés de part et d'autre dans un joli jardin qui abrite également une pizzeria au feu de bois (promis ce n'était même pas le critère de sélection!) et tout cela à un prix très abordable. Pendant 5 jours nous nous promenons dans les rues, profitons des massages balinais pour quelques euros, mangeons des succulents loumpias (nems indonésiens), du poulet satay et découvrons les environs. Avec Vincent nous nous levons encore une fois au milieu de la nuit pour faire l'ascension du volcan Mont Batur pendant que les autres dorment paisiblement. A l'aube, nous regardons le soleil se lever et le monde se réveiller en douceur. Les premiers debout sont les singes, une horde arrive en force et s'attaque aux bouteilles d'eau des touristes encore un peu dans le coltard. Nous restons méfiants, on ne les laisse pas trop s'approcher de nous. Ils savent s’y prendre ces petits malins, ils montent sur l'épaule et attendrissent les touristes... et hop! Ni une ni deux ils vident le sac à la recherche de bouffe!
Un incontournable à Bali est la danse traditionnelle appelé Kecak. Dans le chouette décor d'un temple, des hommes et femmes dansent et chantent les légendes du pays, à la lueur de bougies et d’un feu. Pour nous, ce sera un chant de "tchak tchak" incessant, de jolis costumes et pour le final un homme jouant au foot avec des braises brûlantes. Ne me demandez pas de vous raconter la légende, je dois avouer que je n'ai pas déduit grand chose des tchak tchak même si j’ai apprécié le spectacle...
Il y a de nombreux temples à Bali (près de 11.000) et ils sont assez sobres dans l’ensemble. L’objectif n’est pas d’être tape-à-l’œil montrant la plus grosse fortune, mais l’aspect holistique et sacré du lieu est mis en valeur. Plusieurs religions se côtoient ici depuis des millénaires et se respectent, se laissent vivre. Cela se ressent dans ces monuments, on trouvera un temple, une église ou une mosquée côte à côte sans que cela ne crée de tensions. En voici quelques uns que nous avons visités :
- Le temple d’eau PuraTirta Empul est un temple hindou où les gens viennent prier dans l’eau bénite. Imergé dans l’eau jusqu’à la taille et habillé de sarongs, les fidèles demandant aux dieux de laver leurs pêchés. Ici les couleurs sont de rigueur, les gens portent tous des tissus plus colorés les uns que les autres. C’est un joli contraste avec les pierres sombres des constructions.
- Tanah Lot signifie littéralement « Terre dans la Mer », et c’est un des temples les plus touristiques de l’île. De grands jardins et avenues pleines de magasins mènent les milliers de touristes à l’emplacement du lieu sacré : un petit temple construit sur la roche au bord de l’océan. Selon les croyances populaires, la base du temple serait investie par un serpent de mer géant qui protégerait le lieu sacré des intrus. A marée haute il est inaccessible et se dresse fièrement sur son îlot, entouré de vagues qui se fracassent sur les falaises. C’est spectaculaire ! A marée basse, des escaliers en roche permettent d’accéder au cœur du temple afin de déposer des offrandes pour les dieux et prier. On apercevra même une grande grotte dans la falaise, creusée par les vagues.
- Ulun Danu Beratan Temple est un temple hindou « flottant » sur un grand lac dans les montagnes et dédié à la désse des eaux Dewi Tanu. Ce qui me plaît ici c’est qu’il n’est pas accessible à tout le monde vu sa disposition sur l’eau. Cela préserve l’aspect sacré du lieu. Seuls les moines peuvent atteindre le lieu saint avec une barque, et les visiteurs observent de loin et peuvent flâner dans les beaux jardins tout autour. Puis c’est la classe, il est représenté sur le billet de 50.000 roupies !
- Le Gunung Kawi Sebatu est un temple plus discret taillé dans les roches de plus de 7m de haut, et entouré de rizières. Un parfum d’anciennes légendes à propos de rois oubliés de Bali émane de ce site. Dès l’arrivée sur les lieux, les rizières environnantes, les escaliers encastrés dans la roche, une rivière traversant les parois et le profond couloir à ciel ouvert nous plonge dans une ambiance mystique. Datant du XIe siècle, ce complexe hindou est un des plus vieux, des plus imposants et des mieux conservés de Bali. On y trouve dix candi (temples) taillés dans la paroi rocheuse à l’intérieur de niches gigantesques excavées pour l’occasion, une architecture qui, de toute l’Indonésie, n’est présente qu’à Bali.
- Ensuite, dans chaque village il y a de nombreux temples (au moins trois à l’effigie de Brahma le créateur, à Vishnu le préservateur et Shiva qui amène tout cycle à son terme de destruction) à chaque coin de rue, plus ou moins développés et travaillés. Pendant la période où nous flânons à Bali, il faut faire attention où on marche. Des offrandes sous forme de petits paniers avec fleurs, encens, bonbons, bananes et autres frivolités jonchent les rues et on ne souhaite pas s’attirer les foudres en shootant dedans !
C’est toute une organisation de bouger à 6 avec tous nos bagages alors nous décidons de ne pas changer d’endroit trop souvent. Nous nous basons pendant une semaine à Sanur, l’ancienne ville à la mode des années 80/90, qui a été détrôné par Kuta et Seminyak. Cela reste un chouette endroit au bord de l’océan, mais beaucoup plus calme et familial. Nous logeons dans un Resort avec des petits bungalows et piscine, et c’est si calme que nous avons l’impression d’avoir privatisé les lieux. Nous occupons nos journées à la piscine, ou les pieds dans le sable, en terrasse, un cocktail ou une Bintang (bière locale) à la main. Puis c’est aussi l’occasion de marchander sérieusement avec les vendeuses dans les échoppes le long de la plage pour dénicher les meilleurs souvenirs. Trop dur les vacances !
Nous en profitons aussi pour effectuer une dernière plongée en Indonésie à Tulamben, une des plus fameuses de Bali. Ici se trouve l’épave d’un bateau de l’armée américaine : L’USAT Liberty. Lors de la deuxième guerre mondiale il servait à affréter des marchandises telles que du caoutchouc et du métal. Non loin des côtes, il s’est fait toucher par une torpille japonaise, mais a tout de même pu être rapatrié jusqu’à Bali. Pendant des années, ce bateau de 120 mètres de long a reposé sur la plage, vidé et décarcassé. Puis en 1963, l’irruption très violente du volcan Batur l’a rebalancé à l’eau pour devenir l’habitat de nombreux poissons et coraux. Ce n’est que dans les années 80 qu’il a été redécouvert par hasard par des plongeurs. Les épaves sont de parfaits abris pour la faune et la flore sous-marine, et un univers magnifique pour les plongeurs. Il y a tant à observer et à découvrir, qu’une plongée était loin d’être suffisante ! Mais la deuxième plongée nous l’avons effectuée dans un « jardin de corail », où sont disposées de nombreuses statues bouddhistes, une merveille pour observer de la macro. Je me suis même faite manucurer les ongles par des crevettes nettoyeuses, cela n’arrive pas tous les jours !
Conclusion :
Avant d’arriver à Bali, nous avions beaucoup discuté avec des voyageurs passés par l’Indonésie : certains adorent, d’autres détestent. Et ceux qui n'aiment pas le crient haut et fort, sans mettre "un peu d'eau dans leur vin", au risque d'effrayer d'autres touristes et leur ôter l'envie d'aller à Bali. Moi je dirai : c’est comme partout, cela dépend des attentes que l’on s’en fait ! Certains guides, blogs de voyages ou tours opérateurs vendent l’Indonésie comme un paradis terrestre, où on peut profiter d’un Resort luxueux, où les plages sont paradisiaques et bien sur à moindre coût. Ceux qui viennent dans cette optique seront en effet bien déçus ! Cela reste un pays sous-développé, avec un fort taux de pauvreté et une corruption inégalée. Cela manque d’infrastructures, les routes sont blindées, et le traitement des déchets n’est pas au top. Alors oui, vous verrez du plastique et des déchets joncher les sols, vous verrez des chiens errer dans les rues et sur les plages, et ce n’est pas toujours beau. Oui, dans les endroits touristiques vous serez harcelé par les vendeurs de bricoles, les masseuses, les chauffeurs de taxis. Votre hôtel ne sera peut être pas un palace si vous payez 10 €/15 € la nuit. Rappelez-vous aussi humblement que possible que la France, certes un pays magnifique, il y a un trafic parisien aussi dense que celui de Bali, il y a des arnaqueurs à Paris qui sont aussi doués que ceux d’ici, il y a des poubelles avec des rats qui jonchent les sols à Marseille, il y a des SDF et de la pauvreté dans chaque ville, il y a une attaque terroriste tous les 4 matins. On n’est pas toujours très accueillants avec les touristes et rare sont les français parlant anglais. On ose facturer 30 euros pour une nuit dans un Formule 1 miteux… alors que nos revenus sont certainement 100 fois supérieurs à ceux des indonésiens ! A Bali comme en France, on trouve de tout, si on veut y mettre le prix. Renseignez-vous avant de partir, adaptez-vous au contexte, sinon vos attentes seront sûrement au dessus des standards du pays.
Je vous invite à venir en Indonésie avec un regard nouveau. Sans comparer avec d’autres pays, sans attentes particulières, curieux de la culture, du mode de vie, de leur histoire et surtout avec un esprit ouvert ! Soyez positifs ! C’est là que vous ferez les plus belles rencontres, que vous allez vivre des moments inédits et simples. Dites-vous à chaque instant que vous avez de la chance de pouvoir fouler ce sol, de pouvoir se loger et manger à moindre coût, de découvrir une autre culture chaleureuse et accueillante, et tout simplement : de voyager !
Pour illustrer mes propos, j’ai envie de vous parler de ma sœur Anna. Elle est venue nous rejoindre à Bali et c’était pour elle son premier grand voyage en dehors de l’Europe. Elle est arrivée sans attentes, tout était nouveau pour elle. C’est sûrement elle qui a été la plus émue par ce voyage, par l’accueil et la gentillesse des gens, par ces chambres en bord de mer avec piscine à 30,00 € la nuit, par les restos les pieds dans le sable, à manger des fruits de mers et boire des cocktails pour le prix d’un Macdo en France… Elle a économisé un moment avant de pouvoir partir, elle a stressé souvent aussi avant de prendre l’avion, ne sachant pas ce qui l’attendait sur place. Je me suis gentiment moquée d’elle à la centième photo qu’elle prenait de choses qui me semblait presque banales : « Anna, tu ne vas tout de même pas prendre chaque palmier en photo, si ?! ». Et c’est avec un grand éclat de rire qu’elle m’a répondu « mais si ! je n’en avais jamais vu comme celui là ! ». La leçon de cette histoire ? Elle a complètement raison, elle prend le pays comme il est et le regarde avec enthousiasme. Bien sûr ce n’est pas parfait, mais tout ce qui nous entoure est vraiment beau !
Ce que je veux dire par là, c’est qu’il est important de continuer à être ému par toutes ces « premières fois » et continuer de voir le monde comme un enfant. Qu’est ce qui est beau, qu’est ce qui est intéressant ? Les blogs, les livres de voyage, les témoignages : que des avis différents. C'est important de dire la vérité, de tout montrer et de ne pas embellir la vérité, je suis d'accord, mais prenons pas notre avis comme seule vérité. Les temples ne sont pas « juste beaux », ils ont aussi une histoire. N’hésitez pas à vous intéresser à cette histoire ! C’est quoi le voyage au final ? S’ouvrir à la culture, au « pourquoi », aux usages, aux ressources et au contexte tout simplement. Si on n’arrive plus à voir la beauté partout, alors rien ne sert de voyager.
Nous avons adoré l’Indonésie, chaque île que nous avons eu la chance de parcourir. Bien sûr nous aussi nous avons été importunés par les taxis, les racoleurs et le trafic, nous nous sommes fait avoir comme des bleus par un arnaqueur quand nous avons changé de l’argent, mais par-dessus tout nous avons adoré la gentillesse et la sincérité de la majorité des gens. Nous avons été touchés par leurs sourires, les yeux qui pétillent ! La beauté sous-marine nous a vraiment bouleversés, ainsi que les paysages hauts en couleurs à couper le souffle. C’était d'autant plus chouette de partager ce petit bout de notre voyage avec nos familles!
Bali, l'île des Dieux
 Nusa Lembongan |  Nusa Lembongan |
|---|---|
 Dépot de baggages |  Avec mon père à l'hôtel |
 Les bateaux-araignées |  En route pour la plongée |
 Manta raies en vue! |  |
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 |  |
 |  |
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 |  Poulet Satay et riz |
 L'apprenti pizzaiolo |  |
 En scooter Simone! |  |
|---|---|
 La récolte du riz |  Fertilisation naturelle |
 Des bouteilles de vodka/essence |  |
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 |  |
 |  |
 Les danses traditionnelles Kecak |  |
 |  |
 L'ascension de Mont Batur |  Lever du jour sur Mt Batur |
 |  |
 |  L'équipe de randonneurs de Batur |
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 |  Le gardien du Temple |
|---|---|
 |  |
 |  Le Sorong obligatoire |
 Préparation des offrandes |  Les offrandes |
 |  Gunung Kawi Sebatu |
 Gunung Kawi Sebatu |  Gunung Kawi Sebatu |
 temple d’eau PuraTirta Empul |  temple d’eau PuraTirta Empul |
 temple d’eau PuraTirta Empul |  |
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 Les processions hindoues |  |
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 Tanah Lot |  |
 - Ulun Danu Beratan Temple |
 Des poissons volants à la piscine |  Spa au poissons carnivores |
|---|---|
 Toujours plus de rizières |  Différents stades de riz |
 Le travail dans les champs |  Chutes du Munduk |
 Chutes de Munduk |  Plongée à Tulamben |
 Plongée à Tulamben |  Murène ruban |
 Manucure par les crevettes |  Jardin de Corail |
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 Tout se négocie! |  Des artistes à la tronçonneuse |
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 Le résultat après plusieurs semaines |  |
 L'apéro à la plage |  |
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