top of page

Carnet de Voyage 

Konishowa! Bien la bienvenue au pays du soleil levant, des geishas et sumos, des chats et des kimonos, des travailleurs dévoués, des mangas déjantés, des sushis et surtout d'un pays qui nous a plongés dans un paradoxe à chaque instant! Les aprioris ne manquent pas pour le Japon. On en a tous une image différente et caricaturale pour la plupart. "C'est hyper cher non? ", " c'est une société superficielle de ultra-consommation non?" ou encore "tu vas voir les cerisiers en fleurs!". 
En réalité, il est dur de mettre une étiquette sur ce pays aux contrastes fascinants et à la culture ancestrale. On passe d’un extrême à l’autre : des rues ultra-modernes surpeuplées aux néons lumineux et slogans criards, aux ruelles traditionnelles aux lampions rouges, et aux centres shintoïstes majestueux et harmonieux entourés de jardins zen… Une chose est sure: tout est tellement différent de ce qu'on a eu la chance de découvrir jusqu’à ce jour que nous n’arrivons pas à trancher si nous avons aimé ou pas ! Je ne vous parlerai que des lieux qui ont fait la différence pour moi (en bon ou mauvais), à vous de vous faire votre propre avis.

Tokyo est la plus grande ville du Japon, et est l’aire urbaine la plus peuplée au monde avec près de 6000 habitants au km2. On a du mal à croire qu’autrefois il s’agissait d’un petit village de pêcheurs fortifié appelé Edo. Depuis le XVe siècle, elle n’a cessé de grossir, d’être détruite puis reconstruite, pour Être aujourd’hui le centre économique et financier du Japon. C’est à Tokyo que nous passerons notre première semaine afin de découvrir quelques unes de ses facettes. Une semaine entière dans une seule ville?! Oui oui, il y a une tonne de choses à voir et à faire ! Nous logeons dans un appart de 10 m2 lumineux en haut d'un immeuble, si bien agencé que cela nous semble presque grand!

 

Notre première impression est: c'est fou comme tout est immaculé ici! Les rues, les métros, les sanitaires... rien ne traîne, pas de poubelles, pas de graffitis, pas même un mégot, tout est clean. Les voitures sont scintillantes de propreté, les chaussures sont toutes cirées, et chaque resto propose des paniers ou des dispositifs afin qu'on n'ait jamais à poser les sacs à main par terre.  Parlons un peu des toilettes! C'est High-tech, avec siège chauffant, auto nettoyant, avec système pour se laver les fesses et même l'option musique si on veut couvrir les bruitages...! Et bien sûr parfaitement propres. Ils sont très forts pour vivre en harmonie et dans l'optimisation des espaces. Dans les toilettes, le lave-mains se trouve souvent au dessus de la chasse d'eau et l'eau servant à se rincer les mains va donc directement dans la chasse d’eau. C’est un gain de place et on évite de gâcher autant d'eau qu’en temps normal! Ensuite,Tokyo nous a surpris par son aspect neuf : il ne reste que peu de bâtiments anciens. En même temps les tremblements de terre et la seconde guerre mondiale ne leur ont pas fait de cadeaux, la ville à été allègrement remuée bombardée. Du coup cela fait des rues parfaitement adaptées aux personnes handicapées, chaque trottoir comprend des dispositifs pour personnes aveugles et pour faciliter l'accès aux fauteuils roulants. 

 

Dans le quartier de Tsukiji nous nous mêlons à la foule sur le plus grand marché aux poissons du monde. Nous passons entre les étales avec des thons géants coupés à la scie et autres espèces diverses et variées, aux restaurants de sushis frais exposant la tête du thon acheté le matin même... là encore tout est propre et impeccable, on s'attendait à fuir de dégoût par une odeur nauséabonde mais ce n'est pas le cas. La vente aux enchères se déroule le matin très tôt. La plus importante est celle du réveillon de la nouvelle année. Les restaurateurs bataillent alors pour acheter le plus gros et le plus beau des thons. Celui qui emporte la bataille doit débourser entre 500.000 euros et un million d’euros (on parle d’un poisson là !!!) pour un poisson de 200 kg afin de prouver sa richesse et sa réussite aux yeux de tous ! Il faut être fou…

 

La suite nous amène dans le quartier traditionnel d’Asakusa auprès d'un gigantesque temple Senso-Ji et des ruelles remplies de touristes déguisées en geisha. C'est un temple bouddhiste, au milieu des barres d'immeuble et de la ville. Drôle de contraste! Nous jouons le jeu et tentons notre chance aux "paper fortunes". En secouant une boîte,  un petit bâton en sort avec un numéro.  Il faut ouvrir le tiroir  correspondant pour en sortir un papier, sur lequel est noté notre "bonne ou mauvaise fortune". Le papier de Vince ne promet rien de bon, mais il ne faut pas s'inquiéter selon les instructions, il suffit de prier les dieux de bien vouloir être plus cléments, puis retenter sa chance!

Lors d'une excursion en vélo avec des guides américains (mariés à des japonaises et expatriés depuis près de 20 ans), nous verrons des quartiers au Sud-est de la ville avec des scènes de vie encore différentes.  Nos guides nous apprendrons un peu plus sur les us et coutumes locales. Dans un parc, nous voyons jouer des enfants librement. Rien de surprenant me direz-vous! On nous explique que c'est rare et que la plupart des aires de jeux sont cadrés et ne permettent pas beaucoup de folies. Ici dans ce parc les enfants peuvent grimper aux arbres, construire des cabanes, faire des châteaux de sable, des gâteaux de boue et des soupes aux feuilles. Ils peuvent courir, jouer au loup, tomber, hurler et crier de joie. En fait : être des enfants en toute liberté ! 

 

Nous passerons vers le joli temple bouddhiste Gotoku-Ji avec un des plus anciens cimetières. Ici reposent même des samouraïs du clan Ii! Ce temple est connu comme étant à l’origine de la légende de Maneki-Neko (c'est-à-dire les statuettes de chats bienveillants). La légende raconte qu’il y a fort fort longtemps, des samouraïs se seraient abrités d'un orage sous un arbre à côté d'un temple délabré. Sur le parvis du temple se tenait un chat, qui, avec sa patte semblait leur dire de venir. Les samouraïs, intrigués, obéirent et rentrèrent dans le temple. A peine une minute plus tard, la foudre frappa l'arbre et le coupa en 2! Les samouraïs n'en revinrent pas, le chat leur avait sauvé la vie... Le moine qui s'occupait du temple, malgré sa pauvreté, partagea ses maigres victuailles avec ses invités. Pour remercier leur hôte, ils revinrent avec de nombreux hommes afin de rénover le temple et lui offrir de leur richesse. Et depuis lors, le chat représente la chance au Japon. Que la légende soit fondée ou non,  c'est une belle leçon de vie ! Et cela explique surtout pourquoi des statues ou symboles de chats sont représentés partout au Japon. Pour nous l’histoire a changé notre façon de voir les chats: ils ne sont peut-être pas si cons et mesquins qu'ils en ont l'air! ;-) C’est assez fou de voir toutes ces statuettes de chats identiques, achetées et disposées pour assurer la prospérité et la bienveillance. 

 

Chaque temple bouddhiste a une grande cloche. Au réveillon du nouvel an, à minuit, la cloche sonne 100 fois avant minuit et 8 fois pour débuter la nouvelle année.  Il est d'usage que les proches "vident leurs sacs" et passent en revue toutes les choses négatives  qui ce sont passées entre eux cette année là, puis quand la cloche commence à sonner c'est fini, on se tait. La nouvelle année commence alors sur une note positive et on ne reparle plus du passé. C'est une belle idée! (ou cela cause des frustrations refoulées, au choix).

La mentalité nippone nous surprend régulièrement. Les gens sont respectueux, ils attendent dans une file aux portes des métros et trains et montent tranquillement, pas de cohue. Dans le métro c'est silencieux, tout ici est fait pour ne pas importuner les autres. Eh oui, il y a 127 millions d'habitants au Japon (soit 2x la France) dans un pays dont la superficie fait la moitié de la France. C'est donc important que tout le monde maintienne l’harmonie. (Même les enfants se tiennent bien ! Même les voitures et les motos sont discrètes, la plupart des quartiers (en dehors du centre) sont calmes le soir et la nuit. Les pauvres touristes Japonais doivent être choqués quand ils débarquent dans le métro parisien!

 

Prendre le métro est un spectacle en soi: du lundi au samedi, c'est blindé de personnes en costume. La plupart des japonais sont dévoués à leur travail, des journées de 16h, et les semaines de 60 à 100 heures ne sont pas rares. Du coup, dans le métro, énormément de gens dorment. Eh oui le peu de temps libre qui reste, on rattrape un peu de sommeil! Aux heures de pointe c'est assez impressionnant: on se met en rang d'oignon vers la porte, on tourne le dos aux gens et à l'ouverture, on monte en reculant, et on pousse délicatement pour se faire une petite place. Plein n'est pas plein, des sardines sont moins serrées dans une boîte que nous dans ce métro. Avec Vince on en rigole, voir ces gens qui ne sont pas franchement tactiles et adeptes des rapprochements, se souffler dans le cou. Nous avons la chance de tous les dépasser d’une bonne tête et de respirer un peu plus d’air frais que les autres. Vous vous doutez que ce n'est pas notre heure préférée pour se déplacer mais si on veut optimiser nos journées il faut payer le prix! Un beau jour où nous sommes extrêmement serrés, un mec n’a pas réussi à refouler son envie d’éternuer. Le voisin, qui s’est pris la tempête dans l’oreille, n’a pas pu (ou osé ?) broncher, les bras coincés, et ne voulait sûrement pas importuner ses voisins et se tortiller pour s’essuyer. La culture nipponne est très forte pour ne pas faire de scandales ou de vagues. Mais avec Vincent, nous n’avons pas pu refouler notre fou-rire, j’en pleurais dans ce train ! C’était presque absurde, le contrôle de soi de tous ces gens, dans le plus grand des silences, malgré l’inconfort… On dirait des automates, chaque individu semble avoir une mission pour assurer le bien-être du groupe. Personne ne se rebelle, on accomplit son dur labeur jour après jour, on dort debout dans les transports, on pousse le corps et l’esprit à bout sans broncher. Cela oppresse l’esprit libre et rebelle qui sommeille en moi !

 

Nos ballades nous mènent dans les quartiers plus touristiques qui débordent de vie. Ici, ce sont les panneaux publicitaires lumineux qui nous éblouissent, les filles habillées comme des poupées barbies sur des talons/échasses improbables, les vendeurs criant des slogans incompréhensibles et les magasins Duty Free qui débordent de high-tech sur 7 ou 8 étages. A la recherche d’une robe, c’est pourtant en à peine 10 minutes que je ferai le tour d’un grand magasin dédiant  8 étages entiers exclusivement aux fringues féminines… C’est évident, je ne trouverai pas mon bonheur dans cette caverne d’Ali Baba débordant de paillettes, de chaussures à talons de 15 cm à fourrure et oreilles de chats, de mini-jupes de 10 cm de long, de T-shirts Hello Kitty, de faux ongles, et autres frivolités de taille 32. C’est vraiment une ville de tous les contrastes : d’un côté les travailleurs en costumes ternes et sans couleurs, et de l’autre côté les poupées tout droit sorties de mangas. Il semble qu’il n’y a pas de place pour le juste milieu.

 

On regarde ces décors dignes d'un film avec nos yeux d'enfants. Tant de choses nous surprennent, nous émerveillent, nous étonnent. Tokyo: on aime ou on déteste,  mais dans tous les cas cela ne laisse pas indifférent! Nous quittons cette frénésie au bout d'une semaine, a bord du train à grande vitesse pour découvrir le reste du pays.

Japon, le pays du Soleil Levant

La frénésie de Tokyo

Le troupeau humain

C’est avec regret que nous ne pourrons pas assister à un combat de Sumos ni à un entraînement, car au mois de mai ils sont au repos ! Ce sport de lutte japonais est très populaire au Japon, et nous avions bien envie de voir de plus près ces mastodontes, combattant dans les règles de l’art et selon des rites bien précis. Il semble que les combats sumos sont apparus il y a près de 1500 ans sous forme de rituels religieux Shinto. Plus tard vers le 12e siècle, la pratique est même utilisée sous l’angle militaire pour augmenter l’efficacité des soldats samouraïs, notamment pour immobiliser l’adversaire.

 

De nos jours, le but est le divertissement. Les écuries (oui oui tels des bêtes de compétition) accueille maximum un lutteur étranger, et les tests d’entrée sont très difficiles pour devenir un Rikish (=un homme fort). Les combattants peuvent faire entre 70 et 280 kg, cependant les sumos de la meilleure division pèsent généralement vers les 150 kg, afin d’assurer stabilité et souplesse. La vie des combattants est très réglementée, avec un réveil à 5h du matin, de rigoureux entrainements, des moments de repos et de rituels puis des repas nutritionnels afin qu’ils ingurgitent près de 5000 Kilo-calories par jour. Tous portent les cheveux longs plaqués en arrière à l’aide d’huile, puis formés en chignon. Seulement au moment de la retraite, le chignon est coupé lors d’un rituel bien précis. Au Japon les lutteurs sont considérés comme des sportifs de haut niveau, et les combats attirent toujours autant la foule. 

 

 

 

Les Samourais sont les geurriers qui ont dirigés le Japon féodal dès les années 700. Leur origine n’est pas très précise, il s’agissait notamment d’archers montés sur des étalons, formant des clans au service des empereurs pour conquérir des terres. Avec la pacification de la période Edo en 1868, la fonction des combattants diminue et ils deviennent alors de simples fonctionnaires. Néanmoins, pour ne pas perdre toute la valeur qu’on leur accordait, ils continuent de suivre les règles très strictes du bushido (=la voie du guerrier). La plus connue de ces règles est le rituel de seppuku aussi connu sous le nom de hara-kiri : soit le suicide du guerrier en s’éventrant dans le cas où il arrivait malheur à son maître, à sa famille ou simplement s’il avait fait une faute grave.

 

Les Ninjas étaient des espions mercenaires actifs jusqu'à la période Edo au 17e siècle. A priori ce sont des espèces de samourais vaincus sans seigneurs. Ayant en commun le déracinement et la défaite, ils se sont regroupés et se sont formés aux techniques de survie, d’espionnage et de combat s’inspirant de plein d’origines différentes. On peut les considérer comme des groupes de mercenaires auquel on avait recours pour s’attaquer au seigneur voisin. Le cinéma avec Bruce Lee les a fortement médiatisés en leur donnant une image de résistants courageux beaucoup moins pompeuse que les samouraïs !

 

Les Yakuzas sont les membres de la mafia japonaise, considérée comme la plus grande organisation de crime organisé dans le monde. Difficile à croire qu’ils ont une telle criminalité quand on voit le japonais lambda gambader dans les rues... Ils sont connus pour être très attachés aux traditions du pays et refusent une ouverture sur le monde. Ils sont à l’origine d’attaques terroristes contre des personnages politiques importants favorables  à une ouverture sur l’Europe et les Etats-unis. En 1992, le Japon passe la loi « anti-gang » qui va fortement diminuer la présence des yakuzas et notamment leur présence « pignon sur rue », sans jamais les faire disparaître pour autant. Plus de 68% des yakuzas sont tatoués (de manière traditionnelle et très douloureuse) afin de montrer son attachement au clan. Encore de nos jours, le tatouage est très mal vu au Japon et rare sont les bains publics permettant l’accès aux gens tatoués. Dommage pour nous, même si nous ne faisons partie d’aucune organisation criminelle et que nos tatouages sont bien inoffensifs, nous ne serons pas les bienvenus !

Les combats de Sumos

Quelques faits sur les Samouraïs, les Ninja et les Yakuzas

Au marché de poisson

Au marché de poisson

Le thon frais du matin

Le thon frais du matin

Un bain thérapeutique de sable chaud

Un bain thérapeutique de sable chaud

Les deux principales religions au Japon sont le Bouddhisme et le Shintoïsme. Le Shinto, littéralement « la voie des dieux » est un ensemble de croyances datant de l’histoire ancienne du Japon et liée à sa mythologie. Il s’agit de la religion la plus ancienne du pays et se différencie du Bouddhisme importé de la Chine. Le concept majeur du Shintoisme est l’aspect sacré de la nature ; le profond respect qui en découle définit la place de l’homme dans l’univers comme un élément du grand Tout. Par conséquent, tout ce qui nous entoure, du plus petit élément au plus grand peut être considérés comme des divinités. Le respect des ancêtres er le sentiment de communion avec les forces de l’univers se dégage de tout et semble rendre les gens plus humbles. C'est beau non? C'est peut être la raison du savoir vivre et de la sérénité que dégagent les Japonais. 

 

Les sanctuaires (shrines) sont à la fois des lieux de prières er de réjouissances où sont encore aujourd’hui pratiqués des activités ludiques et artistiques, où on trouve des rings de sumo ou même des crèches pour les enfants! Là où les temples bouddhistes honorent l'esprit, les morts, la vie après la mort, les Shrines sont plus tournés vers la nature, le présent et la Vie. Les sanctuaires sont souvent très simples, un bâtiment sobre entouré de jardins, un bout de verdure et d'harmonie faisant gloire à la vie! Les Torii (portes en bois) marquent l’entrée des sanctuaires ou à l’intérieur des jardins symbolisent le passage dans un univers sacré et il y en a partout au Japon !s quittons cette frénésie au bout d'une semaine, a bord du train à grande vitesse pour découvrir le reste du pays.

Une petite parenthèse religion.

Hiroshima

La visite de Hiroshima m'a laissé sans voix. A l'école nous avons tous appris de manière très factuelle et froide " le 6 aout 1945, les américains ont lâché les premières bombes atomiques de l'histoire sur le Japon, sur les villes de Hiroshima et de Nagasaki. Des milliers de gens sont morts, japon à capitulé et cela a mis fin à la guerre". En réalité pour ce qui est d'Hiroshima, il s'agit d'une bombe qui a explosé 600m au dessus de la ville, dont le souffle a tout rasé jusqu’à 4 km à la ronde, tuant plus de 70.000 morts le premier jour (sur le coup ou suite à d'atroces souffrances de brûlures sur tout le corps) et encore 70.000 l'année qui a suivi  à la suite des blessures et maladies directement liés à la bombe. Ensuite on a arrêté de compter les cas de cancers, leucémies et autres maladies étant trop fortes dans la région. Parlons du fait qu'il s'agisse surtout de vieillards, d’hommes, de femmes et d'enfants n'ayant rien à voir avec la guerre. C'est émouvant de voir la ruine d'un grand bâtiment du gouvernement dont une petite partie tient encore péniblement debout, et conservé afin de rappeler au monde l'histoire. Le musée retraçant les faits scientifiques et politiques, des témoignages,  montre quelques objets ayant subi les radiations, les vêtements effilochés de jeunes écoliers,  rampant jusqu'à chez eux afin de dire adieu à ceux qu'ils aimaient avant de mourir.  En partant du musée nous sommes passés à côté du monument avec une flamme éternelle brûlant jour et nuit, jusqu'à ce que les armes nucléaires soient irradiquées du monde... une vieille dame nous a accostés pour nous raconter à l'aide de dessins, l'histoire de sa famille pendant l'explosion. Elle avait eu la chance d'habiter plus loin de l'épicentre et ils avaient "juste" perdus leur maison, tout ce qu'ils possédaient et s'en sont sortis avec des blessures légères et un cancer. « C’est normal, pour toucher les dirigeants d’un pays on doit toucher son peuple » me dit-on. Oui mais non, ce n’est pas normal, ce sont des vies et non des pions. C'est impossible de ne pas être submergé par la tristesse et la colère. Ce massacre n'aura donc pas servi de leçon, une telle violence semble juste avoir inspiré les grands de ce monde, créant des bombes 1000 fois plus puissantes!


Pour moi c'est l'incompréhension, la déception en l'humanité. Comment es-ce possible que sur notre chemin on croise une grande majorité de gens profondément bons, humains, généreux, et que pourtant une petite minorité arrive à faire tant de dégâts? Il y a de quoi être dégoûté…

 

Et pourtant je continuerai de croire en la bonté de l'humanité. Jamais personne ne nous a laissé en galère. Jamais nous n'avons rencontré de violence, d'agressivité ou d'animosité. En s'ouvrant au monde et aux gens, le monde s'est ouvert à nous. Tous les jours, des Japonais nous aident à trouver notre chemin alors que notre moyen de communication se limite à 3 mots de japonais et des gestes. Les gens sont prêts à nous accompagner là où on doit aller pour pas que l'on se perde!

 

Pour calmer nos esprits, nous quittons Hiroshima pour nous rendre sur la petite île de Miyajama, non loin de là. C'est un joli village dans son jus qui nous attend, peuplé d'une centaine de daims errant dans les rues à la recherche d'un peu de nourriture à voler aux touristes. Un Shrine rouge marquant jadis l'entrée d’un temple se dresse fièrement dans les eaux. A marée haute la porte rouge semble flotter sur l'eau et c'est de loin le moment le plus photogénique. Le temple est paisible malgré les milliers de touristes se promenant là et en s'éloignant un peu de la jetée on découvre encore d'autres temples bouddhistes et jolies bâtisses dégageant une vraie douceur et harmonie. Cette balade nous remet de bonne humeur!

Le seul vestige restant de Hiroshima

Le seul vestige restant de Hiroshima

Kyoto

Kyoto, le centre culturel du pays et autrefois la capitale impériale du Japon, abrite pas moins de 2000 temples, des sanctuaires, des palais, des jardins et d’autres lieux traditionnels. Le quartier de Gion est notamment le siège de l'univers des geishas et les rues regorgent de touristes déguisés comme tel pour occasion. Plus souvent appelées Geiko, (et maiko pour les apprenties) il s’agit d’une « dame de compagnie consacrant sa vie à la pratique artistique raffinée des arts traditionnels nippons pour des représentations, de l’accompagnement et assurent le divertissement d’une clientèle très aisée ». Cela fait beaucoup de mots pour éviter de les confondre avec des « escort girls » en plus raffinées, les faveurs sexuelles n’étant pas officiellement autorisées. Leur nombre diminue au gré des années, il n’en resterait plus que quelques centaines. On reconnaît les « vraies » aux tenues et coupes de cheveux très élaborées et le visage peint de blanc. Nous en croiseront 2, certainement en route pour un rendez-vous, dont une qui a eu la gentillesse de poser quelques instants pour les photos. Finalement les touristes sont souvent bien plus jolies et se prêtent avec joie au jeu quand on veut les prendre en photo!

 

C'est aussi à Kyoto que nous rencontrons Tim. Il s'agit de l'ami d'un ami en France, aussi mordu de voyage que nous et avec qui nous parlons par Facebook depuis quelques années. Il voyage autour du monde en stop, vivant de manière la plus économique possible. Le fil rouge de son voyage est d'atteindre la Corée afin de retrouver ces parents biologiques et découvrir ses racines. Ensuite il continuera son voyage à travers le reste du monde. Cela fait un moment que nous échangeons  et il nous a notamment bien aiguillés pour les démarches à suivre pour les demandes de visa Russe. Nous en profitons d'être en même temps au Japon pour se rencontrer! Entre voyageurs l'entraide est de rigueur alors nous lui proposons d'abandonner les parcs publics pendant 2 nuits pour dormir dans un lit dans la chambre que nous louons, prendre une bonne douche, faire une lessive, manger un petit dej’ copieux et partir une journée en visite ensemble. C'est vraiment une rencontre enrichissante! Cela permet de partager des récits de voyage et des points de vue variés. Son parcours est passionnant, vous pouvez jeter un coup d'oeil ou l’encourager sur sa page Facebook "pouce et sac à dos".

 

A la périphérie de la ville de Kyoto se trouve les fameux Toriis de Fushimi Inari-Taisha que l'on voit sur toutes les photos du Japon. Un chemin de 4 km sillonnant une colline passe entièrement à travers des milliers de portillons oranges jusqu’à un temple à son sommet. La balade à travers des toriis est belle dès qu'on fait fis des milliers de touristes qui s'arrêtent après le 1er km. Les rayons de soleil transpercent de parts et d'autre à travers les portillons oranges légèrement espacés. La plupart de ces portillons sont des dons faits par des particuliers, des familles ou des entreprises afin d’assurer la protection des céréales et du riz par les dieux. En 2016, le coût d’un Torii valait entre 1400 € et 10.000 € ! Heureusement il est possible d'acheter un exemplaire miniature et de faire écrire la prière de son choix dessus. Nous nous remettons aux dieux pour le bien être de nos familles et la prospérité de l'amour (vu la taille du torii, impossible de tout mettre alors nous estimons que nous nous occuperons nous même du reste de notre destin !).

Conclusion

Pendant nos semaines au Japon,  on va visiter des temples bouddhistes et des shrines à n'en plus finir. Je ne sais pas si c'est une vision objective (beaucoup de nuits trop courtes et de temps passé dans les transports apportent un certain ras le bol) mais rapidement tous les temples me semblent stériles, aseptisés, vides et sans âme. Je ne suis absolument pas séduite ou émue. J'ai souvent l'impression de marcher dans un décor de cinéma créé de toute pièce pour le tourisme, ou dans des rues mortes sans vie. Pour la nature, certains endroits sont pourtant beaux ou riches culturellement mais ma curiosité n'est plus au rendez-vous. Peut être à une autre saison tel que le printemps ou l'automne je serais la première à être séduite, mais là ce n'est pas le cas, il manque un « truc ». Même ma nature optimiste ne me permet pas de faire abstraction des câbles électriques barrant tous les paysages. Entre les photos du pays et la réalité sur place, je me sens lésée et ce sentiment ne me quittera pas tout au long du voyage. C’est surement ce qui est à l'origine du "je t'aime, moi non plus" que je ressens pour le Japon. Ce n’est clairement pas un coup de cœur ! Je me sens totalement oppressée par tous ces gens qui semblent formatés en parfaits personnages obéissants. Cela manque de grain de folie, de caractère, de personnalité individuelle. On fait attention à chacun de nos gestes si on ne veut pas choquer les mœurs locales. Pendant que je dis cela à haute voix, je me sens presque coupable car nous avons été très bien accueillis par les japonais, toujours très serviables et aimables malgré la barrière de la langue. Eux ne se voient pas comme oppressés ou formatés, et ce n’est pas un jugement mais un sentiment personnel, il s’agit juste d’une différence de culture. Encore une fois, ceci n'est que mon humble avis, car toutes les personnes que l’on croise qui ont foulé le sol nippon adoooorent (à prononcer à l'américaine) le Japon. Après presque deux ans de voyage, il s’agit peut être du signe qu’il est temps de changer de cap.

 

Chaque pays et chaque rencontre nous ont appris des choses formidables, chaque population et chaque culture nous ouvrent l'esprit et nous aident à nous remettre en question. Je ne dis pas qu'on revient complètement différents, qu'on aura tout compris de la vie, mais il y a des idées qui restent. De petites graines ont été semées dans nos esprits et nous voulons les laisser pousser, espérant que cela se transformera en un futur florissant!

 

 

 

Notre projet était de finir notre tour du monde en traversant la Russie d'Est en Ouest avec le train Transsibérien. Les russes n'ont pas la réputation d'être la nation la plus accueillante ouvrant grand ses portes aux visiteurs. La procédure pour obtenir un visa touristique est fastidieuse et d'autant plus depuis l'étranger. Après plusieurs nuits sans sommeil  pour préparer notre dossier (la journée nous étions occupés à visiter Tokyo!), nous nous rendons à l'ambassade Russe à Tokyo. La première fois on se prend un vent: il manque des pièces en original, plus qu’à les faire venir par courrier express. La deuxième fois on nous refuse le visa sans autre raison que "le consulat de Tokyo refuse, désolé". Vincent qui n'accepte pas un simple NON comme réponse valable, prend contact avec toute personne pouvant avoir un lien de près ou de loin avec la Mère Patrie. C'est décidé nous nous rendrons à toutes les ambassades russes du Japon s'il le faut, jusqu'à ce que l'on obtienne une réponse définitive justifiée. C'est à Osaka que le couperet tombera: Marie étant Néerlandaise peut obtenir le visa sans problèmes, mais pas Vincent ! Il semblerait que depuis peu la France n’accorde plus de visa aux russes depuis l'étranger alors les russes font de même dans l'autre sens. Même pas moyen de moyenner, l’ambassade n’est pas corrompu… C'est limite si l'employée bien cachée derrière sa vitre ne rajoute pas un "nananananère" à la fin de sa phrase en tirant la langue... En d’autres mots, le globetrotteur français devra forcément demander le visa russe depuis la France.Aucune autre option ne sera possible, aucune place à la spontanéité. Cette bureaucratie m’agace au plus haut point. C’est comme cela qu’on stimule l’isolement d’un pays, d’un peuple. On empêche l’échange, la communication, la curiosité. C’est aussi de cette manière qu’on favorise l’incompréhension et l’intolérance ! Dans l’immédiat : merci les dirigeants de ce monde, vous venez de ruiner notre fin du tour du monde en beauté ! (en nous faisant perdre quelques plumes au passage).

 

Durant toute cette bataille administrative qui a duré 2 semaines, nous avions passé en revue nos options, nos envies et effectué des comparatifs. On a décidé qu'on ferait tout pour obtenir le visa Russe, mais qu'en cas de refus , ce dont on avait vraiment envie c’est de manger une bonne tartiflette en famille (oui on sait que c'est la canicule en France, mais 2 ans sans Reblochon c'est très dur!;-)) et visiter la France.

 

Une chose que l'on a appris dans la vie c’est d'accepter les événements  au jour le jour, tels qu'ils se présentent. Bouder ou nager à contre courant n'apporte rien de bon. On prend chaque défi comme il vient (après quelques grognements et insultes, nous n’avons pas encore été touché par la sagesse éternelle!), on s'adapte et on change nos plans en y mettant tout notre cœur. La Russie nous refuse l'entrée?  Fais ch*** mais d'autres projets se dessinent déjà dans nos esprits en fusion constante. A l'annonce du "non" définitif, un grand sourire a barré mon visage et nous sommes sortis tout guilleret pour fêter ça autour d'une bonne pizza! On ne vous le dira jamais assez: il faut prendre la vie comme elle vient avec un grand sourire de préférence!

 

Nos esprits n'ont jamais cessé de bouillonner et de rêver, alors profitons-en pour nous lancer! Ce changement de plan avance juste le début d'un autre projet: visiter les acteurs du terroir en France, les projets de construction écolos, les maisons autonomes et les micro-fermes. Prenons le temps pour revoir les amis et la famille, puis nous intéresser à l'immobilier, à l'éducation, a l'entrepreneuriat, à vivre en autonomie (de tous genres), à la permaculture, à l’apiculture et au développement personnel. Nous voulons prendre le temps et élargir nos connaissances afin de nous construire un meilleur avenir! Puis on entend tellement de gens nous dire "pourquoi aller si loin, on a tout en France!".  Alors on a envie de les prendre au mot: allons vérifier cela de plus près ! C'est parti pour deux mois sur les routes de la Douce France...

La suite du voyage

bottom of page