Pendant notre temps libre nous en profitons pour découvrir le coin. Pour vous dépeindre le cadre, la région vit principalement du tourisme, mais également de la canne à sucre, du thé et jusqu’il y a dix ans également du tabac ! Port Douglas est séparée de la forêt tropicale de Daintree par une rivière. Par un beau jour nuageux, nous faisons une excursion en bateau sur ladite rivière pour en apprendre davantage sur les crocos qui vivent ici et dont on entend beaucoup parler. A seulement 3km de l’océan, cette rivière est soumise à la marée et peuplée de crocos d’eau salée nommés les « salties » en australien. Ils font en moyenne 3 à 4 mètres de long, mais peuvent atteindre les 6 mètres ! Mais même plus petits que cela, ils ont l’air féroce et on ne se risquerait pas à se baigner ici. Pour la petite histoire, à notre arrivée en Australie, une dame s’est faite dévorer par un croco un peu plus au Nord d’où nous sommes, car après une soirée arrosée elle a pris un bain de minuit, sous-estimant le danger ( qui est indiqué par des panneaux à peu près partout le long des berges et de la plupart des plages). Du coup, nous préférons les approcher bien sagement assis dans le petit bateau, avec un guide connaissant la rivière comme sa poche.

Saviez-vous que les crocos peuvent atteindre le même âge que nous ? et qu’ils se reposent sur la rive la bouche grande ouverte afin de se chauffer au soleil pour digérer ? En gardant leur corps à une température moyenne de 30/35 degrés, cela facilite la digestion, qui prendra alors 5 à 6 semaines. Du coup, plus il fait chaud, plus ils mangent… (d’où notre visite par temps nuageux ! ;-) ). Tous les ans, les femelles reviennent au même endroit pour pondre ses œufs. En moyenne, elle en pond 50/60, et plus le sable est chaud, plus il y aura de femelles. Les œufs du dessus étant plus au frais mettront au monde des mâles. Seul 1 bébé croco sur 6 arrivera à l’âge adulte. Autrefois, les habitants se donnaient à cœur joie de les chasser, tuer, manger, vendre etc, mais de nos jours ils sont protégés. Lors de notre escapade on en verra juste 2, de seulement 3 à 4 mètres, mais tout de même assez imposant pour nous faire frissonner à l’idée de les croiser d’un peu trop près… 

L’Australie a encore une importante communauté aborigène. A Darwin, nous en croisions seulement faisant la manche, avec d’évidents problèmes d’alcool et d’hygiène. Ils sont surnommés les « smelly » (=ceux qui sentent mauvais) et soyons honnêtes, ils font un peu peur. Nous commencions donc notre voyage avec une assez mauvaise image des aborigènes. Les locaux nous ont expliqué qu’avec l’arrivée des « blancs », de nombreuses tribus ont été chassées de leur territoire et parquées ailleurs, contre une allocation. On leur a fait découvrir l’argent facile et beaucoup ont sombré dans l’alcool, les problèmes de violence, puis sont devenus les « moutons noirs de la société ». De nombreuses personnes souffrent de troubles mentaux et physiques dès la naissance dû à l’alcoolisme des parents. Cela représente peut être que 10% de la population aborigène en Australie, mais étant donné que ce sont eux que l’on croise en mode mort-vivant dans les rues, cela fait rapidement une image de toute une communauté ! Ceci est bien dommage car on en oublie tous les autres, riches en savoir, comportant de nombreux artistes peintres, musiciens, experts en forêt, etc. Heureusement, pour notre plus grand plaisir, nous avons pu découvrir les vraies valeurs encore existantes de ces tribus par ici dans la Daintree Rainforest.

Pour qu’une forêt soit classée comme « tropicale », il faut qu’il pleuve au moins 1500 mm par an et que l’ensoleillement du sol ne dépasse pas 15%. La Daintree passe ce test haut la main avec ses trombes d’eau (7500mm par an) qui tombent du ciel sans crier gare et le soleil qui ne pénètre pas à plus de 3% à travers les arbres. Dans cet écosystème protégé et fragile, on trouve encore des Casuaris, un grand oiseau rare ressemblant à une autruche, mais avec des magnifiques couleurs bleutées. Il n’en reste pas plus de 1200 dans toute cette partie de l’Australie. Malgré nos efforts (rando de nuit, rouler au pas avec la tête par la fenêtre…) nous n’en avons pas vu ! Pour nos premiers pas dans la forêt tropicale proche de Mossman, nous décidons de suivre un guide aborigène qui connait le coin comme sa poche, ayant grandi sur ce territoire-même avec sa tribu. Il nous introduit à cette verdure à premier abord hostile, où nous ne survivrions surement pas plus de deux jours. Les animaux venimeux, les plantes toxiques, les crocos affamés… tout nous rappelle que la nature sait se défendre ! Notre guide nous explique que dans leur tribu, tout s’apprend de père en fils et de mère en fille, et qu’il faut toujours écouter les anciens. On se réfère aux ancêtres et on leur demande protection. Chaque tribu vit dans une zone et n’outrepasse pas les frontières, sous peine de ne plus être protégé par ses ancêtres. On ne cherche donc pas à voler le terrain du voisin. Depuis leur tendre enfance, les tribus apprennent à reconnaitre les signes, afin de savoir à quel moment il est propice de pêcher tel ou tel poisson, de chasser, reconnaître les traces pour savoir s’il s’agit d’une femelle ou d’un mâle, et surtout apprendre tout sur les plantes qui les entoure : lesquelles éviter, lesquelles utiliser pour se soigner ou se laver, quoi manger… A l’adolescence les jeunes hommes sont envoyés seuls dans la forêt, et doivent se débrouiller pour survivre pendant 3 à 4 semaines. S’ils ont bien su écouter les pères et grands-pères, ils en sortent grandis (et vivants). Les plus forts se profileront comme chefs de tribus. Leur culture vit en grand respect avec la nature et la vie en général, on prend seulement ce dont on a besoin pour vivre et jamais plus que. Tout au long de cette excursion, on se dit qu’ils ont tout compris à la vie. On se demande comment cela se fait que le monde ait mal tourné. Comment « les blancs » ont-ils réussi à envahir et à imposer leurs lois en toute impunité ? Comment cela est-ce possible qu’on se sente plus fort que ces tribus, et qu’on a réussi à changer le cours de l’histoire alors qu’il est évident que l’on détruit tout ce que la planète offre de plus beau !